Gandon.                                   373
fpectacles, demeurant rue de Bretagne au Marais : Lequel nous a rendu plainte contre le nommé LevalTeur, appelleur de fon fpectacle, et nous a dit que le jour d'hui, entre cinq et fix heures, au moment qu'il étoit fur fa porte, ledit Levaffeur au lieu d'appeller s'eft retourné vis-à-vis de lui plaignant et le montrant au doigt, a dit à tout le public : « Le voilà le fripon de Gaudon, c'eft un voleur, un coquin, un banqueroutier qui affronte le public. » Et s'eft fervi d'autres termes non moins injurieux qui ont fait une telle rumeur et confufion dans le public qu'il n'a pu donner fon fpectacle ; que ledit Levaf­feur s'èft enfui, et, étant fuivi fur le boulevard par toute la populace, a ré­pété les mêmes injures jufques à la rue de Bretagne ; que le lieur Leroi l'a pourfuivi et n'a pu l'arrêter ; qu'étant revenu le foir fur le boulevard, lui plaignant l'a fait arrêter et vient nous requérir comme fon domeftique de l'envoyer ès prifon du For-l'Ëvêque.
Signé : Gourliez dit Gaudon.
Avons enfuite fait comparoir par-devant nous le particulier arrêté, et fur les interpellations que nous lui avons faites, après ferment par lui fait de dire vérité, a dit fe nommer Jean-Robert Levaffeur, âgé de 51 ans, appelleur pour le lieur Gaudon, natif de Paris, demeurant à la barrière de la Villette. S'il eft vrai qu'il a traité ledit Gaudon de voleur, coquin, banqueroutier ? A ré­pondu que oui, et que c'eft la colère qui lui a fait dire, croyant que le fleur Gaudon parloit mal de lui. S'il n'a pas été payé par quelqu'un pour tenir lef-dits mauvais propos ? A dit que non. Pourquoi il s'eft enfui ? A répondu que c'eft parce qu'il avoit l'efprit égaré et que cela lui prend quelquefois tous les deux ou trois mois. Si ledit Gaudon lui doit quelque chofe ? A dit que non. Sur quoi, etc., avons ordonné que ledit Levaffeur fera conduit ès prifon.du For-l'Ë vêque, pour être détenu jufqu'à ce qu'autrement en ait été ordonné.
Signé : Coquelin.
{Archivet àet Cottun., -94t.)
IX
L'an 1767, le mercredi 23 feptembre, quatre heures environ de relevée, eil venu en notre hôtel et par-devant nous, Louis-Michel-Roch Delaporte, etc., fleur Claude-Pierre Gourliez dit Gaudon, entrepreneur de fpectacles à Paris, y demeurant boulevart du Temple, paroiue St-Laurent : Lequel nous a rendu plainte contre la femme du nommé Galban, l'un des employés de fa troupe à la foire St-Ovide, et nous a dit que le fleur Richer étoit fon affocié pour diriger les fauteurs et danfeurs de corde ; que ledit Galban étoit engagé par ledit Richer et a fervi pendant une partie de la foire ; qu'ayant été deux jours fans rien faire, fous le prétexte d'une incommodité fimulée, le plaignant, d'ac­cord avec ledit Richer, a cru pouvoir lui diminuer ce tems fur fés appoin-